La Paix perpétuelle et ses conséquences

Le 30 novembre prochain aura lieu à Fribourg un colloque commémorant le 500ème anniversaire de la Paix perpétuelle.

Il sera organisé conjointement par la Société d’histoire du canton de Fribourg, les Archives de l’État de Fribourg, la chaire d’histoire moderne de l’Université de Fribourg et le Deutscher Geschichtsforschender Verein des Kantons Freiburg (l’Association alémanique de recherche en histoire du canton de Fribourg).

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Première page du programme du colloque sur la paix perpétuelle, organisé le 30/11 prochain à Fribourg. Archives de l’État de Fribourg

La paix perpétuelle de 1516

La paix perpétuelle a été signée le 29/11/1516 entre la France de François Ier et les XIII cantons confédérés suisses ainsi que leurs alliés (l’abbé et la ville de Saint-Gall, les III Ligues – situées dans l’actuel canton des Grisons – le Valais et la ville de Mulhouse).

Ce traité de paix instaurera des relations privilégiées entre la France et les Suisses, et ne sera rompu que lors de l’invasion de la Confédération par Napoléon en 1798 (soit après 282 ans).

La paix perpétuelle visait avant tout à régler le conflit qui opposait la France et les Confédérés, qui se sont affrontés dans le Milanais, et notamment à la bataille de Marignan en 1515. Les Confédérés y avaient subi une lourde défaite, perdant près de 10 000 soldats à Marignan. Ils étaient en outre apparus divisés puisqu’une partie d’entre eux (les cantons de Berne, Fribourg et Soleure) avaient choisi d’accepter les négociations françaises et de se retirer du conflit.

Par ce traité, les Confédérés s’engageaient à abandonner toute prétention sur le duché de Milan, acquis par François Ier. Celui-ci reconnaissait en échange la souveraineté de la Confédération sur le Tessin et la Valteline.

Ce traité marqua un frein à une période particulière dans l’histoire diplomatique suisse, pendant laquelle les Confédérés prirent part aux conflits des puissances européennes. Après la paix perpétuelle, ils deviendront progressivement neutres.

En échange de cette paix, la France offrit un dédommagement de 700 000 écus d’or aux Confédérés, ainsi qu’une pension annuelle de 2000 francs pour chaque canton, le Valais, les III Ligues, et une dernière partagée entre les autres alliés des Confédérés.

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Alexandre Evariste FRAGONARD, Bataille de Marignan, 14 septembre 1515, peinture à l’huile, 1836. Base Joconde, Ministère de la Culture et de la Communication

Quelles conséquences en généalogie ?

Les mesures politiques n’ont pas été les seules clauses du traité de Fribourg.

Privilèges commerciaux

Les Confédérés reçurent également des privilèges commerciaux accordés dans le duché de Milan ainsi qu’à Lyon, grande ville de foires.

Cette dernière mesure n’est pas anodine et a permis à l’économie suisse de prospérer. En Gruyère par exemple, zone de production du gruyère située dans le canton de Fribourg, toute une économie s’est construite autour du commerce du fromage et de son exportation vers Lyon.

De nombreux commerçants ont donc vécu ces relations commerciales florissantes entre la France et la Suisse, qui ont perduré pendant tout l’Ancien Régime. Certains se sont enrichis grâce aux foires de Lyon et sont devenus des notables de leur ville.

Mercenariat

La France reçut en outre le droit de recruter des mercenaires suisses, ce qui était auparavant interdit par la Diète fédérale. Mais en réalité, des mercenaires s’étaient déjà laissé tenter depuis le XVe siècle.

Les mercenaires suisses étaient très recherchés et se sont engagés auprès des grandes puissances européennes. En France, ils ont pu faire partie de différents régiments :

  • les Bandes suisses : levées de troupes pour différentes batailles, entre 1477 et 1549, avant que les soldats suisses ne soient organisés en régiments
  • les Cent-Suisses : garde d’élite auprès des rois et de leur famille, entre 1471 et 1792
  • les Gardes suisses: garde personnelle des rois et de leur famille, entre 1616 et 1792
  • la Compagnie des Suisses de Monsieur le comte d’Artois : au service du comte d’Artois Charles, futur Charles X, entre 1773 et 1791
  • plusieurs régiments d’infanterie : entre 1672 et 1792

De nombreux suisses se sont donc installés en France le temps de leur contrat. Certains s’y sont mariés et y ont eu une descendance. L’immigration militaire suisse était telle que certains cantons, dont le canton de Fribourg, avaient interdit à leurs ressortissants de s’enrôler sans autorisation. Mais cela n’a que peu d’effets. Au XVIe siècle, le tiers d’une génération d’homme s’est engagée à l’étranger.

Après la Révolution, les régiments suisses furent supprimés en France. Ils furent rétablis pendant la Restauration, à partir de 1815. Mais ils furent à nouveau supprimés le 11/08/1830 après la révolution des Trois Glorieuses. Aujourd’hui en Europe, seule la garde pontificale comporte encore des mercenaires suisses.

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JOUARD, Les Suisses au service de Louis XI faisant leur prière, avant la bataille de Morat, où ils défirent Charles le Téméraire, le 22 juin 1476, gravure, d’après G. G. Durand, 1868. Musée de l’histoire de l’immigration

Le 500ème anniversaire de la paix perpétuelle

Colloque du 30/11 : à partir de 8h15, au couvent des Cordeliers, Fribourg

Exposition du 29/11 au 11/12 : au couvent des Cordeliers, Fribourg

Sources

Dictionnaire historique de la Suisse : André Holenstein, Paix perpétuelle (1516), 2010

Archives de l’État de Fribourg : Paix perpétuelle 1516-2016

Swissinfo.ch : Mathieu van Berchem, Origine de la neutralité ? La bataille de Marignan divise, 06/01/2015

Musée de l’histoire de l’immigration : Anne Rothenbühler, L’immigration des Suisses en France

Le Temps : Joëlle Kuntz, Novembre 1515, la « paix de Genève » entre les Suisses, 18/09/2015

Wikipédia : Mercenaires suisses, Bataille de Marignan

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